La Société des traversiers en conflit d’intérêt: Les entourloupettes…

 

Alors que le Bureau de Projet prépare un appel d’offre et pour permettre une meilleure compréhension de la saga du pont de Tadoussac , il peut être utile de comprendre comment la Société des Traversiers (STQ) s’est appliquée à empêcher la réalisation du pont au fil des 4 dernières décennies. Nous vous présentons donc une pièce en quatre actes dont la dernière est encore en cours.

 

Premier acte

En 1979, Lucien Lessard, alors Ministre des Transports sous René Lévesque et député de Saguenay,  reçoit l’étude LGL qui confirme la faisabilité d’un pont au site optimal à la Boule.  Simultanément à l’étude précédente, le MTQ fait faire une contre-étude à l’insu du Ministre, qui circulera sous cape auprès des autres ministres, pour discréditer sans justification le dynamisme de l’économie nord-côtière et le projet de pont. Pendant ce temps, la Société des Traversiers commande deux nouveaux traversiers à Marine Industrie, mettant ainsi les décideurs politiques devant le fait accompli. C’était la première entourloupette. Voir Étude 1979 dans la section Études.

 

Deuxième acte

En 1997, Jacques Brassard, Ministre des Transports, commande une Étude d’opportunité sur un projet de Pont à Tadoussac. La même année, la Société des Traversiers commande un agrandissement des deux traversiers avec remotorisation et modernisation. Lorsque l’étude est rendue publique en 1999, le nouveau Ministre des Transports, Guy Chevrette, reçoit l’étude d’Opportunité.(Étude 1999 dans la section Études). Déjà les deux traversiers agrandis et rénovés au coût de 17M$ chacun sont en place. En 2001, la STQ achève l’allongement des quais de part et d’autre. Une fois de plus le Ministre des Transports est placé devant les faits accomplis. C’était la deuxième « entourloupette».

 

Troisième acte

En 2001 ,Guy Chevrette, Ministre des Transports, commande une Étude d’impact sur le pont. Celle-ci est prête dès 2004, comme prévu.  Elle sera tablettée et trainera sur les bureaux des ministères jusqu’au mois d’août 2009. Elle sera alors rendue publique par le Ministre des Transports , Norman MacMillan ,et concluera qu’un pont est le seule solution à long terme pour traverser le Saguenay sur la route 138 dans un contexte de développement durable. Trois semaines plus tard, le même Ministre des Transports  annonce la construction de deux nouveaux traversiers plus grands, sans consultations avec les intéressés, sans analyses préalables ou modélisation des conséquences sur le réseau routier ou pour les bélugas . Rappelons que pendant l’Étude d’Impact sur le pont , cinq Ministres des Transports se succéderont. Lors de l'étude ,La STQ transmet des informations erronées à répétition, omet des sommes importantes dans l'évaluation des coûts de la traverse, sous-estime au tiers du prix réel les coûts de reconstruction des traversiers, indique à tort que les traversiers existants sont aptes à être utilisés à Tadoussac jusqu'à la fin de leur vie utile en 2026. Bref , les informations pour faire une analyse avantage-coût entre les traversiers sont systématiquement biaisées pour avantager le maintien des traversiers. De surcroit le consortium propose un pont autoroutier 3 fois plus cher que celui requis sur une route à 2 voies comme la route 138 à Tadoussac.  Le président de la STQ à l’époque affirmera en février 2010 qu’il a été invité à une rencontre au Bureau du Premier Ministre en mars 2009 lors de laquelle il fut convenu de construire les nouveaux traversiers.( Voir Procès verbal des audiences publiques du BAPE à Tadoussac en novembre 2016). On a alors prétexté que cette décision permettrait de donner de l’ouvrage à la Davie et d’assurer la pérennité du service de Traversiers à Tadoussac pour les 45 prochaines années. Personne n’a pris en considération les besoins des utilisateurs de la route ou des nord-côtiers, les conséquences pour les payeurs; les contribuables, ni même les conséquences ou même les coûts véritables d'un pont. . Dès mars 2010, La Société du Pont a rencontré la Vice Première Ministre, Nathalie Normandeau,  pour lui expliquer que c’était une mauvaise décision de construire ces traversiers. , ce fut peine perdue.  Pourtant la STQ affirmait dans l’Étude d’impact que les traversiers bâtis en 1980 étaient aptes à offrir le service jusqu’en 2026 et qu’aucun travaux significatifs n’étaient prévus aux quais dans les prochaines décennies. C’était la 3ième « entourloupette »

 

Quatrième acte ?

En août 2017, après des années de représentations de la part du milieu, le Premier Ministre reconnait qu’il serait opportun de créer un Bureau de Projet sur le Pont à Tadoussac considérant les nouvelles technologies disponibles et les coûts d’un pont qui sont évalués par les experts au tiers du prix proposé par  le consortium responsable de l’Étude d’impact 2009. Les traversiers neufs arrivent à Tadoussac à l’automne 2018 et sont toujours en rodage. Le Bureau de Projet prépare depuis août 2017 son organisation et espère être en mesure de choisir une ou des firmes pour revoir les études existantes et les actualiser avant l’été 2019. Le Bureau doit ensuite remettre son rapport au Ministre dans les 12 à 18 mois. La Société des Traversiers, la Davie et les syndicats de l’industrie maritime font des efforts soutenus pour faire construire des nouveaux traversiers par la Davie. De nouveaux navires sont nécessaires à la traverse Riv. Du Loup-Saint Siméon, à la traverse Québec-Lévis, à la Traverse Sorel-St Ignace, entre autres.  Les nouveaux traversiers qui accentueront les accidents sur la route 138 entre Forestville et La Malbaie particulièrement (Voir Syndrome de la Traverse) déverseront des pelotons de sortie de plus de 110 véhicules alors que les anciens limitaient ces pelotons à 70. La route 138 aux abords des traversiers est reconnue comme déficiente en matière d’espaces de dépassements disponibles, ce qui a pour effet de rendre les utilisateurs de la route plus impatients, voire plus agressifs, dans ces segments, augmentant de fait la dangerosité de la route.

Comment éviter une quatrième entourloupette? :   Le nouveau gouvernement peut prendre  conscience que cette Société des Traversiers est en conflit d’intérêt et qu’un pont coûtera moins cher que des traversiers (300M$ vs 324M$) pour les contribuables et qu’il rétablira la fluidité et la sécurité sur la route 138.Comment espérer faire grandir l'économie québécoise si les bureaucrates ont toute la latitude pour empêcher le progrès?

Bref, le fait que la Société des Traversiers soit un électron libre dans l’organigramme gouvernemental, qu’elle n’ait de compte à rendre à personne d’autre qu’au changeant Ministre des Transports, explique pourquoi, à la Société du Pont, nous demandons que toutes les informations concernant les traversiers soient préparées et transmises par des experts compétents, indépendants et objectifs de manière à éviter tout conflit d’intérêt qui se traduise entre autres par des omissions, des chiffres sous ou sur évalués selon le sujet traité, ou autre.

Le mandat du Bureau de Projet doit prévenir les erreurs passées. Demeurons donc vigilants!

 

Dernière heure

En dernière heure, nous apprenons que le PDG de la Société des traversiers a été remercié par le Ministre des Transports

Et qu’un sous- ministre adjoint au Ministère prendra le poste de PDG de la STQ. Rappelons qu'il y a deux ans, le PDG de la STQ M. Jocelyn Fortier et le Président de son Conseil d'administration ont aussi été limogés sans que pour autant on ne perçoive de changement dans la culture de l'omerta à la STQ.

On parle d’un grand ménage à la Société. Le dit grand ménage doit se faire dans la culture même de l’organisation.

La loyauté de l’organisation doit aller d’abord aux citoyens et utilisateurs du réseau bien avant les intérêts corporatifs de l'organisation.

L’heure est venue de construire le pont sur la rivière Saguenay et pour ce faire, les vraies chiffres, les vraies informations objectives et complètes doivent être accessibles pour le Bureau de Projet sans « entourloupettes » additionnelles.

Nous saluons le début du travail amorcé par le Ministre et le fait qu’un lien de supervision soit installé dans le Ministère des Transports pour contrôler les abus de la STQ. Il ne faudrait pas croire que les problèmes du FA Gauthier soient considérés comme  les seuls créés par la STQ. Le 400M$ dépensé  pour construire deux traversiers et ajustements à quai qui empireront la situation à Tadoussac,  auront des conséquences sur la sécurité routière qui se traduira nécessairement par des accidents additionnels, des coûts supérieurs pour les contribuables et une hypothèque prolongée sur l’avenir de la région Côte-Nord sans compter le fait qu’ils maintiendront une forte charge sonore dans l’estuaire du fjord qui participera à la disparition des bélugas et d’autres mammifères marin et des touristes qui viennent les voir.

Il est temps de démanteler le barrage routier maintenu par la Société des Traversiers à Tadoussac et de laisser la région et la province voisine diversifier leur économie par une route achevée et sécuritaire.

Il faut saluer  le courage du nouveau gouvernement de souhaiter changer les choses à la lumière du fiasco du F.A. Gauthier à Matane. Cependant il ne faut pas oublier que dans la saga des traversiers à Tadoussac, il n'y a pas que des centaines de millions de dollars dépensés à mauvais escient, il y aura aussi des accidents, des morts qui découleront de cette décision intempestive et irréfléchie.

La solution, bien sûr, c’est un pont...

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5 Comments

  1. Assez de magouillage de la part de la STQ , un bon gouvernement n’ acceptera pas de se faire passer des sapins .

    Monsieur Legault si vous voulez être l’ artisant d’ un changement dont on parlera encore dans 100 ans , vous avez entre vos mains les sort des Nord cotiers et de Terre Neuve Labrador en construisant un pont et en achevant la route 138 .

  2. Si le gouvernement pouvait mettre des barrières des deux cotés du fleuve a la sortie de Québec avec l’inscription Fin du Monde je crois qu’il le ferais.Donc,aucune confiance en nos politiciens après 40 ans d’efforts inutiles.Pas plus avec Mr.Legault et ses ministres! Difficile de voir le verre a moitié plein même après ce changement de gouvernement!

  3. Sombre histoire de magouilles politiques, sous les gouvernements libéraux comme péquistes, qui dépasse l’entendement et qui avilit la fonction de politicien et tarit à l’usure la confiance mise dans nos élus. – Que peut-on espérer maintenant des élus de la CAQ ?, à moins de recevoir un engagement « très ferme » de « débloquer » une fois pour toutes la route de la Côte-Nord, une région trop souvent et longtemps négligée, sauf pour les multinationales métallurgiques ou minières. J’ai voté CAQ, pour un « changement radical », (pas pour gagner mes élections), mais par espoir d’un nouvel élan politique et économique galvanisant la relance de toutes nos régions, dynamisées surtout par les PME fidèles à leur territoire. – Je salue votre courage et votre volonté inébranlable; en espérant AUTANT de notre nouveau gouvernement, et de tous ses ministres impliqués dans ce dossier aussi majeur pour vous et tout l’Est, que le REM à Montréal.

  4. Allo,ils disent que les chiffres parlent alors argent de la population solution pont. Que nos
    ÉlUS ne comprennent pas c’est incompréhensible .merci

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